Marc Garanger nous a quitté

Mon père, le photographe Marc Garanger a déposé cette nuit son appareil photographique à tout jamais.

C’est par ces quelques mots sobres adressés par son fils Marc que j’ai appris le décès de Marc Garanger, le 27 avril 2020, à l’aube de ses 85 ans.

Dans l’histoire de la photographie, il restera l’auteur de Femmes algériennes 1960.

Femme Algerienne 1960

Photographe professionnel depuis 1957, anti colonialiste, son service militaire l’ entraîne dans une guerre qui n’est pas la sienne. Devenu photographe officiel du régiment, il est envoyé en Kabylie pendant dix jours pour tirer le portrait de plus de deux mille femmes algériennes qui doivent se dévoiler pour répondre aux exigences d’identification ordonnées par le commandant.. Se souvenant du travail d’Edward Curtis sur les Indiens décimés par les Américains, il réalise des portraits cadrés à la ceinture, empreints de dignité. « J’ai reçu leur regard à bout portant, premier témoin de leur protestation muette, violente. Je me suis juré de lancer un jour ces images à la face du monde. »

Et c’est ce qu’il a fait et qu’il n’a cessé de faire avec toujours la même passion.

Bernard Derenne et moi avions rencontré Marc Garanger en 2004 dans le cadre de la galerie Chambre avec Vues. En effet il cherchait une galerie pour exposer et vendre ses tirages, dont certains avaient été réalisés par Georges Fèvre. C’est son fils Martin qui a ensuite tiré ses photographies avec le même talent. Nous avions établi une relation de confiance qu’il m’a confirmée à la fermeture de la galerie en 2010 en me laissant la charge de la location de ses expositions des Femmes algériennes.

Ce grand Monsieur va nous manquer.