Pour la douzième édition des Photaumnales, les directeurs artistiques, Fred Boucher et Adriana Wattel, ont souhaité rendre hommage à Hippolyte Bayard, natif de Breteuil dans l’Oise, l’inventeur du positif direct, bidouilleur génial en un temps où en matière de photographie tout était à expérimenter.
Une fois abordée l’histoire de la photographie avec Bayard, il leur a paru important de réaliser un lien avec des artistes qui se sont emparé et ont détourné procédés et techniques d’hier pour en revisiter l’esthétique.
Jean-Pierre Sudre (1921 – 1997) fut un maître en la matière.
Artiste majeur, réputé pour son enseignement de la photographie, il fit des recherches techniques dans le domaine des tirages, en utilisant des matières inusitées, des émulsions, des sels rares. Technicien perfectionniste, il compose des paysages oniriques d’une maîtrise exceptionnelle qu’il intitule Paysages matériographiques.
Sur une plaque de verre, Sudre laisse sécher un corps qui cristallise et laisse voir
à l’oeil nu ses fins réseaux à la fois rigoureux et baroques, comme le givre sur la
fenêtre en hiver. C’est là son négatif. C’est-à-dire que la lumière passe à travers
la matière même dont elle va imprimer l’image sur le papier photographique.
Rien de plus réaliste que ces oeuvres qui, mieux encore que la meilleure
reproduction, sont l’empreinte directe de la structure de la matière.
Jean-Claude Lemagny, conservateur honoraire à la Bibliothèque nationale de France
Pour mémoire, en 2007, la galerie Chambre avec Vues avait rendu honneur à ce grand maître de la photographie dont les œuvres n’avaient pas été montrées à Paris depuis plus de dix ans.