Paris 1910-1937

Stéphane Passet, Paris 6e, rue Notre-Dame des Champs, 23 juillet 1914, autochrome 9×12 cm. © Département des Hauts-de-Seine – Musée départemental Albert-Kahn – Collection des Archives de la Planète.

La photographie stéréoscopique, les projections, le cinématographe surtout, voilà ce que je voudrais faire fonctionner en grand afin de fixer une fois pour toutes des aspects, des pratiques et des modes de l’activité humaine dont la disparition fatale n’est plus qu’une question de temps. Albert Kahn, janvier 1912.

C’est ainsi que sont nées les Archives de la Planète, vaste entreprise documentaire et visuelle imaginée par Albert Kahn (1860-1940), banquier, mécène utopiste et pacifiste, qui poursuivait l’ambition d’établir un dossier de l’humanité prise en pleine vie, à un moment charnière de son histoire, à l’heure critique de changements aussi profonds qu’inéluctables pour reprendre les mots mêmes du géographe Jean Brunhes (1869-1930), directeur scientifique du projet.

Leur but : créer une base de réflexion documentaire sur le monde à transmettre aux générations futures et faire comprendre aux élites internationales que la diversité culturelle est une richesse.

Ainsi jusqu’en 1931, une douzaine de photographes, appelés opérateurs, va sillonner le monde pour constituer une fabuleuse collection de 72000 autochromes , 4000 plaques stéréoscopiques et 180 000 mètres de films, aujourd’hui précieusement conservés au musée départemental Albert-Kahn situé à Boulogne.

Avec près de 5 000 autochromes et 90 000 mètres de films, le fonds « Paris » des Archives de la Planète constitue l’un des plus importants fonds d’images photographiques, et cinématographiques du début du 20ème siècle consacré à la capitale. Resté relativement confidentiel, sa présentation dans l’exposition Paris 1910-1937. Promenades dans les collections Albert Kahn à la Cité de l’Architecture n’en est que plus exceptionnelle.

C’est un regard inédit sur le Paris d’hier, un portrait de ville à travers ses monuments les plus célèbres, théâtres, musées, bâtiments publics, quartiers historiques, la Seine bien entendu mais aussi ses Expositions Universelles, qui font d’elle une capitale reconnaissable entre toutes.


Stéphane Passet, Paris 2e, carrefour des rues d’Alexandrie, Sainte-Foy et Saint-Spire, 25 juillet 1914, autochrome 9×12 cm. © Département des Hauts-de-Seine – Musée départemental Albert-Kahn – Collection des Archives de la Planète.

La seconde partie de l’exposition révèle la mutation du Vieux Paris vers une capitale soucieuse de progrès, tournée vers l’avenir. Les opérateurs d’Albert Kahn et de Jean de Brunhes enquêtent sur le logement, notamment sur la construction des HBM (habitations bon marché) à l’emplacement des « fortifs » ; l’hygiène et la salubrité avec un exceptionnel reportage sur les maisons closes.

Enfin la construction de la Cité universitaire internationale répond parfaitement aux aspirations humanistes et progressistes d’Albert Kahn alors que la crise économique des années trente met fin à ses activités bancaires et donc philanthropiques.

Rappelons que l’autochrome est le  premier procédé de photographie en couleurs sur plaque de verre, inventé en 1903 et commercialisé à partir de 1907 par les frères Lumière. Les plaques de verre autochromes originales trop fragiles pour être exposées ont été reproduites sur un support rétroéclairé et agrandies afin de conserver intactes leurs couleurs si particulières, leur charme irais-je jusqu’à dire.

J’ai beaucoup aimé cette exposition parce que Paris est MA ville et pour les photos anciennes qui sont mon quotidien depuis que je travaille sur Jean-Baptiste Charcot. D’ailleurs, curieuse coïncidence, ce dernier avait donné une conférence avec projection sur ses expéditions en Antarctique en février 1912 à la Fondation Autour du Monde créée par Albert Kahn. Le monde est décidément bien petit !

Une exposition à voir absolument !

Paris 1910-1937. Promenades dans les collections Albert-Kahn

Jusqu’au 11 janvier 2021

Cité de l’architecture & du patrimoine

1 place du Trocadéro et du 11 novembre – 75016 Paris
Métro Iéna ou Trocadéro

Ouvert tous les jours sauf le mardi de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h