Eric Bouvet a commencé sa carrière photographique en 1981 après des études d’arts graphiques. D’abord photographe au sein de l’agence Gamma, où je l’ai rencontré, il adopte ensuite le statut de freelance en 1990. Ayant fait le choix de couvrir les conflits à travers le monde, il a été le témoin d’événements majeurs comme la guerre en ex-Yougoslavie, Afghanistan, Tchétchénie, Ukraine …
Son travail est publié dans la presse magazine internationale comme Time, Life, Paris-Match… 5 fois lauréat du World Press Photo, il a reçu 2 Visas d’Or, le Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre, le Prix Paris-Match 2000 …
Quand il est fatigué de photographier les horreurs du monde, il s’oriente vers des sujets créatifs, joyeux et pacifistes sur la mode ou encore sur ce festival, Burning Man, qui rassemble chaque année à la fin de l’été 60 000 esprits libres au coeur du désert, au Nevada. Au milieu de nulle part, surgit une ville éphémère où règnent l’art, la solidarité et l’indépendance. Au bout d’une semaine, toute cette euphorie disparaît dans ses cendres. A travers une dizaine de clichés puissants et poétiques présentés au rez-de-chaussée, Eric Bouvet nous plonge au coeur de cet événement surréaliste.
Mais il faut surtout monter au premier étage découvrir la très belle série Peace-Rainbow families, réalisée notamment au Brésil en 2012. Elle traite de ce mouvement New Age né aux USA dans les années 70. Pas de chefs. Nul n’a d’ordre à donner ni à recevoir. Les décisions sont prises en commun, au cours d’assemblées où tous, assis en cercle, s’expriment à tour de rôle. Les membres de Rainbow Family sont de toutes origines, religions et conditions. Les plus jeunes sortent à peine de l’adolescence, les plus âgés sont largement sexagénaires. Mais ils partagent les mêmes convictions, les mêmes espoirs, le même refus du monde tel qu’il est. Ils considèrent le système économique moderne comme une nuisance, la politique comme un jeu de dupes, la course au progrès technologique comme un piège.
Cette série réalisée en film instantané (polaroid) et développée à l’eau de javel respire la sérénité et le bien-être. Des images très riches tant esthétiquement que moralement.
Enfin, ne pas oublier la visite du petit salon intime qui présente quelques tirages N&B de la série Sex Love réalisée à la chambre grand format polaroid.
« J’ai choisi de présenter le travail d’Eric Bouvet pour partager son regard poétique et son approche esthétique de la réalité. Dans le désert ou dans les forêts, ses photographies nous apparaissent comme des compositions alors qu’elles ne sont que des instants volés à la beauté naturelle de la vie. En studio, il sait mettre en confiance ses modèles pour leur laisser la liberté d’être, tout simplement. Ses cadrages et ses lumières, saisis comme par magie à l’éphémère, sont autant de tableaux dessinés par son regard de photographe et de photoreporter. Lequel regard s’est pourtant frotté à tant d’horreur et de douleur partout dans le monde, que sa vision du plaisir, du bonheur, de l’amour est encore plus intense dit Nathalie Atlan Landaburu, la directrice de la galerie Hegoa.
Avec cette première exposition personnelle en galerie, Eric Bouvet nous livre une vision artistique de son métier sur le thème de l’amour et de la paix.
A voir absolument !
Jusqu’au 25 mars 2017
Du mardi au samedi de 11h à 13h et de 14h à 19h
Galerie HEGOA
16, rue de Beaune – 75007 Paris