La camera obscura numérique de Juliette Agnel

Sur son appareil reflex numérique, Juliette Agnel a adapté une étrange prothèse en bois qui évoque les premières chambres photographiques et fait office de camera obscura, se substituant à l’optique. Un mélange a priori improbable d’hyper-technologie et de primitivisme technique…

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Avec « Les éblouis », elle renoue, sur le mode du sténopé numérique, avec le théâtre primitif du portrait photographique, du daguerréotype aux lourdes plaques au collodion des premiers portraitistes. Pendant un temps de pose plutôt long, de l’ordre de plusieurs secondes, le regard doit soutenir le fort éclairage. Cela peut sembler pénible mais curieusement c’est agréable. De cette expérience de lâcher-prise on ressort détendu : on a laissé un peu de soi-même, et par l’acceptation de cet abandon, ce don de soi, on a aussi, assurément, gagné quelque chose…

C’est avec cet appareil alliant deux extrêmes techniques, que j’ai moi-même eu la chance d’être photographiée par Juliette Agnel. Retrouvez ce portrait dans la rubrique A propos.

A l’occasion d’un Café Images l’association Gens d’images vous invite à rencontrer Juliette Agnel samedi 1er février entre 10 h et 12 h

à la galerie Esther Woerdehoff – 36 rue Falguière – 75015 Paris

Juliette Agnel, née en 1973, vit et travaille à Paris.
Après des études d’art plastiques et d’éthno-esthétique, elle est diplômée des Beaux-Arts de Paris en 1999 avec les félicitations du jury.
Elle enseigne à la Maison du geste et de l’image à Paris les différentes approches de la photographie et sensibilise le public au rapport à l’image dans des ateliers pédagogiques.

Lancement des commémorations du Centenaire de la guerre de 1914-1918 à Paris

L’exposition de photographies Paris 14-18, la guerre au quotidien  à la Galerie des Bibliothèques de Paris est le premier événement commémoratif du Centenaire de la Grande Guerre présenté par la Mairie de Paris !

L’exposition restitue la vision de Paris pendant le conflit, à travers un reportage inédit d’un photographe peu connu, Charles Lansiaux (1855-1939). Chaînon manquant entre Atget et Doisneau, Lansiaux est un documentariste à la fois scrupuleux et plein d’humour. Habile à capter les regards, les signes et les gestes, il offre une image étonnamment vivante des rues de Paris il y a un siècle.

Sauvée du siège par la bataille de la Marne, la capitale ne perçoit que des bruits assourdis d’un conflit lointain. Quelques privations sporadiques, les dégâts causés par les bombardements et le retour des blessés forment les signes les plus manifestes de la guerre.

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Photo C.Lansiaux – BHVP – Roger-Viollet

Plutôt que l’iconographie traditionnelle de la tranchée, l’exposition interroge la visibilité problématique d’un conflit dont le déroulement est largement dissimulé aux contemporains. Deux cents photographies inédites illustrent les principales étapes de l’installation de la guerre dans le quotidien.

Jusqu’au 15 juin 2014

Du mardi au dimanche de 13h à 19 h, nocturne jeudi jusqu’à 21h

22 Rue Malher – 75004 Paris – 01 44 78 80 50

Toute la programmation du Centenaire sur paris.fr et l’exposition de photographies de Didier Pazery à la gare de l’Est sur : http://www.expo14.com

 

Rencontre autour du Prix Nadar 2013

“L’Asile des photographies”, le livre du photographe Mathieu Pernot et de l’historien Philippe Artières publié par les éditions Le Point du jour a reçu le Prix Nadar Gens d’images 2013 en octobre dernier.

L ‘association Gens d’images et la Fnac vous invitent à une  rencontre

animée par Natacha Wolinski, critique d’art, présidente du jury

Samedi 18 janvier 2014 à 16h

au Forum des rencontres Fnac Montparnasse, niveau -1

avec

Mathieu Pernot, photographe

Philippe Artières, historien/auteur

Béatrice Didier et Susanna Shannon, Éditions Le Point du jour

Frédérique Founès, déléguée générale du Prix Nadar Gens d’images

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Une exposition éponyme accompagne la rencontre,

Du 15 janvier au 30 mars 2014

Fnac Montparnasse • 136 rue de Rennes • 75006 Paris

Rappelons que le Prix Nadar récompense depuis 1955 un livre consacré à la photographie ancienne ou contemporaine édité en France au cours de l’année. Il est attribué en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France et la Fnac, sous le haut patronage du Ministère de la Culture et de la Communication. Avec le Prix Nadar, l’Association des Gens d’images veut signaler les plus belles réussites éditoriales.

Frédéric Delangle expose “Harmonieux chaos” à La Belle Juliette

Photographe depuis une vingtaine d’années, Frédéric Delangle travaille essentiellement sur le paysage urbain, en collaboration avec des architectes, pour la presse ou les agences de publicité. Parallèlement il mène une recherche personnelle sur la ville dans laquelle il questionne la préservation des équilibres et le respect de la personne humaine. Il expose à La Belle Juliette une série qu’il a réalisée en Inde entre 2010 et 2012 intitulée Harmonieux chaos, que j’avais parrainée pour le Prix Arcimboldo 2012, malheureusement sans succès.

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Je lui laisse le soin de présenter sa série :

En observant la rue, plus particulièrement les carrefours et au delà de l’incroyable spectacle, j’ai appris à mieux comprendre ce pays. Aux croisements, pour ordonner le flux des véhicules et des piétons le code de la route édicte des règles de priorité. En l’absence de celles-ci se sont les règles de la société indienne qui sont reprises.

Depuis l’indépendance du pays en 1947, la constitution établit que tous les citoyens sont égaux en droits, or, dans les faits, et aux croisements routiers, une autre règle s’observe : les plus gros véhicules ont la priorité sur les plus légers. Les poids lourds et les autocars passent avant les voitures, elles-mêmes s’insèrent avant les triporteurs qui circulent avant les motos, puis les vélos et enfin les piétons. Le système hiérarchique des castes est restitué : le plus fort est prioritaire sur le plus faible.

Cette stratification de la société est héritée de l’hindouisme qui reconnaît l’existence de quatre classes sociales, elles-mêmes divisées en castes, et dont l’appartenance est déterminée à la naissance. Ce qui ressemble à un déterminisme social pour une personne extérieure à cette religion n’est nullement ressenti comme tel en Inde. Un consensus spirituel organise cette société, il est assorti d’un certain fatalisme. La loi du plus fort fait donc rage ; cette loi s’exprime aussi dans l’usage incessant des klaxons qui est tout aussi graduel. En somme, celui qui est le plus bruyant est le plus gros et a priorité sur le plus discret.

Quand il y en a, les rétroviseurs ne servent à rien, on ne regarde jamais derrière ni sur les côtés, toujours devant. C’est là que l’usage intensif du klaxon se justifie puisque son intensité nous permet de nous situer dans la hiérarchie sans même avoir à se retourner.

Au sommet de ce rapport de force, la vache occupe un statut particulier. Elle est la seule à pouvoir bouleverser cette hiérarchie, elle peut ralentir ou bloquer la circulation : sacrée, elle restera toujours prioritaire.

Après avoir constaté la manière dont s’organise la circulation aux carrefours, j’ai cherché à en modifier les règles, à en triturer les codes, bouleverser le système pour ébranler la relativité de ses valeurs. Et questionner ses propres contradictions.

Pour cela j’ai pris, en plongée, sur un pied, avec le même point de vue des centaines de clichés dont j’extrais en postproduction les caractéristiques que je choisis pour réorganiser la circulation. Le montage commence en effaçant tout ce qui est en mouvement dans l’image, personnages, animaux et véhicules. Une fois le paysage mis a nu, ces individus, ces animaux et ces véhicules sont réintroduits séparément en fonction des besoins.

Plus simplement, chaque élément s’est trouvé à cet endroit de l’image mais pas au même moment. Cette compression temporelle me permet de créer des situations troublantes. Je ne cherche pas à travers ces montages compliqués et fastidieux à produire du sensationnel. Je cherche à créer « ce fantastique dont on s’aperçoit toujours plus qu’il est en réalité tout le réel, … » Antonin Arthaud.

Je construis une fiction par assemblage de la réalité. Cette fiction consiste à proposer une réalité improbable mais tangible. Plus cette fiction est proche du réel plus, le spectateur est réceptif et prêt à remettre en question l’ordre établi.
Toute la finesse de ces montages photographiques réside dans une alchimie du dosage. Ils ne doivent pas être trop visibles pour susciter encore un intérêt et suffisamment fins pour provoquer surprise et étonnement.

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Grâce à ses manipulations méticuleuses, Frédéric Delangle donne une dimension surréaliste à ces paysages anodins de la vie quotidienne en Inde. Dénoncer les injustices et les dérives de son temps, représenter une réalité idéale et sans défaut, n’est-ce pas la définition même de l’utopiste ?

Exposition Harmonieux Chaos de Frédéric Delangle

Du 14 janvier au 2 mars, tous les jours de 11h à 20h

Galerie photographique de La Belle Juliette

92 rue du Cherche-Midi – 75006 Paris – Entrée libre

Gaël Clariana : habiter le paysage

La pratique de Gaël Clariana (né en 1972, vit à Amiens) appartient au genre de la photographie documentaire. Il s‘intéresse particulièrement aux transformations profondes du paysage urbain. Hanté par l’enfance, il n’a de cesse de retranscrire dans ses visuels l’innocence propre à cette période.

Gaël Clariana photographie toujours, encore et encore, de manière compulsive / par besoin / par amour assurément, car il aime, il aime ce qu’il photographie. Touché par le désir, la sensualité de l’acte / proche de son sujet, il ne se lasse jamais. Invité en 2013 par l’Espace 36 de Saint-Omer dans le cadre de ses résidences annuelles, il a poursuivi  ses recherches photographiques sur ces espaces qu’on nomme périurbains ou zones pavillonnaires sur le territoire du Pas-de-Calais.

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Ces nouveaux espaces nourrissent l’espoir d’une vie meilleure, un bout de quelque chose qui nous appartienne / se dire que c’est à nous / mais est-ce vraiment là l’enjeu du travail photographique de Gaël Clariana qui ne fait pas une véritable étude sociologique. Il pose des questions, se pose des questions sur le monde qui l’entoure, les maisons / les matériaux / la disposition des maisons / le gazon / la voiture etc … Sachant prendre en considération autant les habitants que les habitations, Gaël Clariana oscille entre présence / absence, intérieur /extérieur, intimité / public.

Cette série s’inscrit dans le prolongement du travail que nous avions exposé à la galerie Chambre avec Vues sous le titre Intime paysage en 2010.

Du 18 janvier au 15 février 2014

Espace 36

36 rue Gambetta – 62500 Saint-Omer – 03 21 88 93 70

Du mardi au samedi de 13 h à 17 h

Entrée libre

La Voix du Nord en a parlé :

http://www.lavoixdunord.fr/region/audomarois-le-photographe-gael-clariana-traque-ia37b0n1811880