L’émotion ressentie devant cette oeuvre me pousse à m’écarter du domaine de la photographie, encore que Pascale Peyret est photographe et plasticienne.
Anamorphose est une vaste sculpture vivante, lumineuse et sonore : dans des poches luminescentes, poussent des boutures de tradescantia, plante modeste que l’on connaît mieux sous le nom de misère – plante porte bonheur pour les hispaniques qui l’appellent « amor de hombre » – amour de l’homme. Suspendues en grappes sous la voûte de l’église Saint-Merry, les boutures dessinent des volutes ascendantes. Chants d’opulence et chants de misère complètent ce dispositif et créent une polyphonie dans laquelle chacun trouve son propre écho. Tel un jardin suspendu, Anamorphose est une invitation à la déambulation, l’exploration, la méditation.
Pour la préparation et la mise en œuvre de son installation au cœur de la Nuit Blanche 2013, Pascale Peyret a choisi de travailler avec l’association « Aux captifs, la libération » qui intervient auprès des personnes de la rue. Il s’agit de proposer à des hommes et des femmes, le plus souvent exclus de tout territoire d’expression, d’être les acteurs d’une œuvre d’art. La dimension symbolique d’Anamorphose prend alors toute sa mesure, la création artistique devient passerelle, moteur de lien social.
Anamorphose se poursuivra au delà de cette Nuit Blanche. Le 17 octobre, Journée mondiale du refus de la misère, marquera le début de l’essaimage et de la dispersion de l’installation. Vous êtes invités, ainsi que tous les visiteurs de passage, à emporter, transmettre et prendre soin de ces boutures d’ « amor de hombre ».
Église Saint Merry
78 rue Saint- Martin – 75004 Paris