J’ai déjà parlé à plusieurs reprises de Jacques Borgetto, notamment en novembre dernier à propos de son travail sur le Japon. Cette fois, il nous emmène au Tibet, ce plateau habité le plus élevé de la planète, qu’il a parcouru de nombreuses fois et en toutes saisons depuis 2007.
© Milomir Kovacevic
Le Tibet a toujours été pour moi d’un grand mystère et il exerce toujours une
profonde attirance. Les lectures d’Alexandra David-Néel, et de bien d’autres,
m’ont permis d’entrevoir la richesse et la singularité de cette civilisation.
Mes voyages m’ont offert de vivre une aventure spirituelle intense et de
partager la vie d’un peuple exceptionnel et attachant, aujourd’hui menacé
dans son identité dit Jacques Borgetto à l’occasion de sa toute nouvelle, et très belle exposition à l’Hôtel de Sauroy.
Paysage de l’Amdo (Amdo), Tibet 2008 – © Jacques Borgetto
Le voyage est souvent à l’origine du travail photographique de Jacques Borgetto,
photographe et voyageur « au long cours », dont la manière de procéder
s’apparente à celle des explorateurs. Motivé d’abord par le désir de retracer
le parcours de ses grands-oncles italiens émigrés en Amérique latine, Borgetto
n’a plus arrêté, depuis, de partir à la découverte de régions dont il s’est attaché
à rendre compte de l’évolution au fil des années. Cela, en Argentine, au Chili,
au Japon, au Tibet, en allant au-delà du voyage intérieur pour focaliser son
attention sur les autres dont il cherche à comprendre et à intégrer la culture écrit Laura Serani, commissaire de l’exposition.
A travers une centaine de tirages de différents formats, alternant harmonieusement le noir & blanc qui exprime la forte spiritualité au Tibet et la couleur qui évoque la douceur du printemps, Jacques Borgetto montre le quotidien et le spirituel, les traditions persistantes malgré la modernité approchant. Ses photographies traduisent parfaitement la puissance de la pensée bouddhiste, la sérénité qu’il faut aller chercher toujours plus haut dans les montagnes, là où la vie est dure et la nature hostile.
Courses de chevaux (Kham), Tibet 2012 – © Jacques Borgetto
Mais ce territoire est menacé notamment pendant les fêtes du Nouvel An, où les touristes chinois envahissent les grands monastères. Juchés sur des escabeaux, ils photographient sans retenue les cérémonies religieuses ancestrales sans en comprendre la portée symbolique. Cette pratique a mené le Dalaï Lama à qualifier le Tibet de prochain « zoo pour touristes ».
C’est par contre avec un grand respect que sont exposées dans une sorte de cabinet de curiosité quelques images de funérailles célestes dans la pure tradition zoroastrienne.
Lorsqu’un peuple comme celui du Tibet est menacé par un génocide culturel,
toute manifestation humaine, artistique ou spirituelle émanant de lui prend
valeur de symbole. L’ouvrage de Jacques Borgetto est un précieux témoignage
de cette volonté farouche de survie.
C’est Matthieu Ricard qui l’écrit dans la préface du livre qui accompagne l’exposition, publié par Filigranes. Rappelons que Matthieu Ricard est moine bouddhiste, auteur et photographe. Il est également le représentant, le traducteur et l’interprète du Dalaï Lama en France
Je précise que la qualité « musée » de cette exposition ne doit pas nous faire oublier que tous les tirages, limités à 7 exemplaires, sont disponibles à la vente entre 900 et 1900 €.
Allez-y nombreux !
Jusqu’au 27 mai 2017
Exposition faisant partie de la sélection officielle du Mois de la Photo du Grand Paris
Espace photographique de Sauroy
58, rue Charlot – 75003 Paris
Du mardi au samedi de 14H à 19H – Nocturne le jeudi jusqu’à 20H
Entrée libre
Si près du ciel Le Tibet, le livre édité par Filigranes
Textes de Magali Jauffret – journaliste et critique, spécialiste de la photographie,
et Jean-Paul Ribes – journaliste et écrivain, spécialiste du Tibet et du bouddhisme
Format : 23 cm x 32 cm – Relié couverture cartonnée
144 pages – 100 photographies en bichromie et couleur
Bilingue français/anglais
ISBN : 978-2-35046-415-2
Prix : 30 €