Séjournant quelques jours à Bordeaux, mes pas m’ont menée au Château Labottière, édifié en 1773 par l’architecte Laclotte, classé aux Monuments historiques, appartenant à Bernard Magrez depuis une quinzaine d’années. Ce propriétaire de Grands Crus Classés de Bordeaux est aussi mécène dans le domaine de l’art, de la musique classique et de la littérature. « J’ai souhaité, par le biais du mécénat culturel, rendre à la vie la chance qu’elle m’a donnée », dit-il. C’est ainsi qu’il a décidé en octobre 2011 d’ouvrir ce lieu au public sous le nom d’Institut Culturel Bernard Magrez pour en faire un nouvel espace original de diffusion culturelle, de rencontre, d’échange et de création, avec la volonté de rendre l’art actuel plus accessible pour mieux le comprendre et mieux le ressentir dans un écrin fait de plaisir et de recueillement.
C’est en effet un très bel endroit où l’on est bien accueilli avec une documentation sur chaque oeuvre à sa disposition.
Actuellement se tient l’exposition de Claude Lévêque, figure majeure de l’art contemporain qui travaille à partir d’objets de notre quotidien. Ses œuvres interpellent l’enfant qui sommeille en chacun de nous. Ses installations ressemblent aux rêves d’un gosse fasciné par les étincelles de la lumière. Une douzaine d’oeuvres adaptées in situ, dont une Citroën Traction Avant renversée, reposant sur son toit et éclairée par des guirlandes lumineuses de fêtes populaires.
Dans un pavillon du jardin sont présentées les collections permanentes dans lesquelles figurent déjà des photographies de JR, né en 1983. Rappelons que grâce à la technique du collage, ce jeune photographe que l’on pourrait dire clandestin, expose librement sur les murs du monde entier, le plus souvent des gros plans de visages, attirant ainsi l’attention de ceux qui ne fréquentent pas les musées habituellement. Son travail mêle l’art, l’action, traite d’engagement, de liberté, d’identité et de limite.
Jean-François Rauzier, virtuose des technologies numériques, Prix Arcimboldo 2009, est également présent avec Vedute, juxtaposition onirique des façades de Venise, pour démultiplier la perception de la Sérénissime tout en insistant sur son identité visuelle.
Enfin, mon attention s’est portée sur une vidéo de Mircea Cantor (né en 1977 en Roumanie) intitulée Tracking happiness. Emportée dans un espace sans repères, hors du temps, je me suis laissée captiver par le mouvement régulier des balais, la ronde lente des sept femmes. Tout est blanc, pur comme la neige, l’image réduite à l’essentiel, l’esthétique épurée, minimaliste. Admirable !
Here I rest – Mon repos au château
Exposition de Claude Lévêque
Jusqu’au 26 janvier 2014
Du mercredi au dimanche de 14h à 19h
Institut Culturel Bernard Magrez
16 rue de Tivoli – 33000 Bordeaux- 05 56 81 72 77